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Une proposition revient fréquemment dans le débat politique de la gauche radicale, celle du salaire universel ou salaire à vie préconisé par Bernard Friot1)L’enjeu du salaire, Bernard Friot, Editions La Dispute, 2012. Dans ce projet, tout individu se voit garantir un salaire dès l’obtention de sa majorité2)Pour donner un ordre d’idée, Bernard Friot propose 1500 euros nets., lequel salaire ne pourra qu’augmenter dans le temps en fonction de l’obtention de grades. Une fois un grade acquis3)L’obtention de ces grades est une des zones d’ombre ou tout au moins de chantier de ce projet. À l’inverse du NSTS où les niveaux de salaires sont déterminés par les employeurs, Bernard Friot laisse ouverts les critères de détermination et d’obtention de ces grades., celui-ci est irrévocable, la personne l’ayant obtenu se voyant garantir le salaire correspondant jusqu’à sa mort quel que soit son rapport à un poste de travail4)C’est ainsi que Bernard Friot défend que la pension de retraite n’est pas la contrepartie des sommes qui ont été cotisées durant la vie active mais un salaire continué. Selon lui, le taux de remplacement devrait donc être à 100 % du dernier salaire obtenu (cf. L’enjeu des retraites, Editions La Dispute, 2010).. Une des caractéristiques de ce projet de société est que ce salaire universel est l’unique forme de rémunération possible, la rente comme le profit ayant définitivement disparu.

Le financement de ce salaire universel est simple : un prélèvement quasi-total de la valeur ajoutée5)Bernard Friot prévoit qu’une partie des investissements (15%) reste autofinancée et ce serait la seule part de la valeur ajoutée qui ne serait pas prélevée. Les travailleurs en poste n’ont donc aucune possibilité de retirer un revenu complémentaire de l’activité de leur unité de production à un quelconque titre d’intéressement. des unités de production au travers d’une caisse de répartition. Pour faire une analogie avec la péréquation de la richesse produite et disponible que nous venons de présenter, cela reviendrait à prélever 100 % de celle-ci. Le corollaire de cette disposition est que le salaire universel représente alors la totalité de la rémunération des travailleurs.  Que l’entreprise se porte bien – forte valeur ajoutée par rapport au nombre d’individus en poste – ou mal, les travailleurs recevront exactement la même rémunération, celle-ci étant liée à leur grade et non au comportement économique de l’entreprise. Si on peut douter du réalisme de cette proposition, il n’en reste pas moins que le passage de la situation actuelle (attachement total des rémunérations à la valeur ajoutée) à une déconnexion à 100 % se doit d’être anticipée. La péréquation du revenu disponible serait alors un moyen d’évoluer progressivement vers le système préconisé par Bernard Friot. On pourrait faire la péréquation sur 30 % du revenu disponible immédiatement puis, si la proposition s’avère concluante, aller plus loin. On peut ainsi penser une évolution progressive vers les 100 % qu’envisage Bernard Friot.

Une autre différence entre la péréquation du revenu disponible et la proposition de salaire universel est le montant uniforme de l’allocation donnée quelle que soit la personne employée. Afin d’évoluer vers le système préconisé par Bernard Friot, on peut envisager de moduler l’allocation en fonction d’un système de grade. Mais cela suppose qu’existe un système de grille de revenus issu d’une sorte de convention collective s’appliquant à l’échelle à laquelle s’opérera la péréquation,  échelle nationale par exemple. Cette variante de la péréquation du revenu disponible permettrait ainsi d’évoluer progressivement vers le système que préconise Bernard Friot.

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References   [ + ]

1. L’enjeu du salaire, Bernard Friot, Editions La Dispute, 2012
2. Pour donner un ordre d’idée, Bernard Friot propose 1500 euros nets.
3. L’obtention de ces grades est une des zones d’ombre ou tout au moins de chantier de ce projet. À l’inverse du NSTS où les niveaux de salaires sont déterminés par les employeurs, Bernard Friot laisse ouverts les critères de détermination et d’obtention de ces grades.
4. C’est ainsi que Bernard Friot défend que la pension de retraite n’est pas la contrepartie des sommes qui ont été cotisées durant la vie active mais un salaire continué. Selon lui, le taux de remplacement devrait donc être à 100 % du dernier salaire obtenu (cf. L’enjeu des retraites, Editions La Dispute, 2010).
5. Bernard Friot prévoit qu’une partie des investissements (15%) reste autofinancée et ce serait la seule part de la valeur ajoutée qui ne serait pas prélevée. Les travailleurs en poste n’ont donc aucune possibilité de retirer un revenu complémentaire de l’activité de leur unité de production à un quelconque titre d’intéressement.
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