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Même si l’approche microéconomique est contestable à bien des points de vue, notamment parce qu’elle est au fondement des raisonnements néoclassiques sur l’homo aeconomicus, individu rationnel qui en toute circonstance cherche à maximiser sa rémunération, nous allons voir que cette approche valide aussi les effets bénéfiques de la péréquation en terme de création d’emplois.

Toutes les entreprises embauchent dans l’espoir que la présence du nouveau salarié générera plus d’argent que son propre coût. Il y a donc généralement un décalage dans le temps entre l’embauche et le moment où les flux de trésorerie générés par l’activité du salarié équilibrent son coût. Ce décalage est très variable d’un métier à un autre. Si nous prenons l’exemple d’un chercheur, ce décalage porte sur plusieurs années : cet individu est rémunéré pour travailler à l’émergence de nouveaux produits ou procédés de fabrication et ce n’est qu’au bout de quelques années que son travail sera directement exploitable. Dans le cas d’un agent commercial, celui-ci devra prospecter pendant quelques mois de façon intense avant d’obtenir de nouveaux clients générant un chiffre d’affaires significatif, ce qui validera la décision de l’entreprise quant à son embauche. Dans d’autres métiers, ce délai sera plus court. Prenons l’exemple de l’ouvrier d’usine. Il est probable qu’il faille le former aux méthodes de production de l’entreprise et attendre un certain temps avant que sa productivité égale celle de ses collègues expérimentés, mais on a affaire ici à des délais beaucoup plus courts, de quelques heures à plusieurs semaines. De plus, la présence nouvelle d’un d’un salarié génère d’autres coûts que le simple salaire. Ce sont les différents achats que l’entreprise doit réaliser pour qu’il puisse travailler. Ainsi, il ne sert à rien d’embaucher un ouvrier si l’entreprise est incapable de lui fournir des matières premières à transformer et lui mettre à disposition un outillage plus ou moins perfectionné. Dans le cas de l’agent commercial, celui-ci sera amené à prospecter une clientèle, ce qui engendrera des frais de déplacement et nécessitera du matériel marketing (brochures, échantillons…) à mettre à sa disposition.

Afin de modéliser ce phénomène, nous allons réaliser un graphique montrant ce jeu des flux de trésorerie. Au moment de l’embauche, le Revenu disponible qu’il génère est généralement négatif du fait des dépenses que son arrivée dans l’entreprise occasionne. Puis, ce salarié va devenir de plus en plus opérationnel. Dans un premier temps, les ventes qu’il va générer compenseront les dépenses que sa présence a entraînées : il s’agit du point où le Revenu disponible qu’il génère commencera à devenir positif. Puis, si l’embauche de cet individu s’avère une bonne décision pour l’entreprise, le montant du Revenu disponible qu’il générera dépassera son coût salarial (salaire + cotisations sociales). Nous représenterons cette évolution dans le temps par deux courbes : le Revenu disponible généré et le coût salarial dans un système à deux axes, l’axe horizontal représentant le temps, l’axe vertical, les flux de trésorerie. Le coût salarial est modélisé par une droite horizontale : on suppose le salaire fixe et constant dans le temps. Le Revenu disponible généré peut être modélisé par une première droite oblique d’origine inférieure à zéro (Revenu disponible négatif) qui dépassera le niveau zéro pour se transformer par la suite en une droite horizontale plus élevée que celle représentant le coût salarial :

effet-emploi1-3Appliquons désormais la Péréquation du revenu disponible sur ce schéma. Le coût salarial a immédiatement été réduit du montant de l’allocation. De même, les prélèvements de Revenus disponibles deviennent des subventions complémentaires dans le cas d’un Revenu disponible généré initial négatif (investissement inhérent à l’embauche). On constate alors que le risque initial a fortement baissé après l’introduction de la péréquation. Avant celle-ci, le risque initial était égal au coût salarial augmenté du Revenu disponible négatif que l’arrivée du travailleur avait probablement généré. Après péréquation, il est égal au coût salarial diminué de l’allocation et augmenté de la fraction du Revenu disponible négatif non prise en charge (100% moins le pourcentage de péréquation). Voici donc reportés sur la modélisation que nous avions réalisée au chapitre précédent les effets de l’allocation et de son mode de financement :

effet-emploi2-3On constate que la surface du « triangle » des pertes a été fortement réduite par l’application de la péréquation et que le point d’amortissement a été avancé dans le temps. Une telle analyse microéconomique valide le côté positif de la péréquation en terme de créations d’emplois.

Article précédent : Salaire universel

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