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Les taux directeurs des banques centrales ont globalement baissé sur ces trente dernières années au point d’être proches de zéro voire négatifs. Afin de juguler l’inflation à la fin des années 1970, les banques centrales, à commencer par la Federal Reserve, ont brutalement relevé leurs taux directeurs. Mais à partir du début des années 1980, elles ont alors régulièrement baissé ceux-ci. Pourquoi ?

Des taux d’intérêt élevés freinent les investissements : si une entreprise doit emprunter pour investir, ces taux d’intérêt diminueront la rentabilité de l’investissement. Il en est de même si l’entreprise se finance par ses fonds propres : des taux d’intérêt faibles favorisent la valorisation de ceux-ci et facilitent donc ces investissements. C’est une contradiction difficile à arbitrer pour les possédants : ils ont intérêt au taux d’intérêt dit sans risque – celui généralement donné par les emprunts d’État – le plus fort possible car il détermine la rémunération intrinsèque du capital mais chaque baisse du taux d’intérêt revalorise les actifs placés à long terme.

Cette baisse régulière des taux d’intérêt a été réalisée afin de dynamiser le système économique : sans ces baisses, l’économie capitaliste n’aurait pas survécu. Il est d’ailleurs intéressant de noter que chaque baisse significative des taux directeurs fait suite à une crise : éclatement de la bulle Internet au début des années 2000, crise des subprimes en 2008, crise de la dette publique en 2011. Depuis, le taux directeur de la BCE n’est jamais remonté et est aujourd’hui à zéro :

Taux de refinancement de la BCE

Cette baisse du taux directeur de la BCE a un effet sur les taux d’intérêt à long terme. De nombreux pays de la zone euro, dont la France, empruntent maintenant à taux négatifs – c’est à dire qu’ils rembourseront moins que ce qu’ils ont emprunté – y compris pour des durées longues de 10 ans.

Il s’agit d’une évolution historique : le capital en tant que tel, c’est-à-dire investi sans risque, ne rapporte plus. Il n’est guère pensable que la banque centrale puisse aller au-delà dans les taux négatifs, ce qui poserait des problèmes techniques assez difficiles à résoudre. Que se passera-t-il à la prochaine crise ? La réponse ne peut plus être monétaire.

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